OUI

Pour sa dernière mise en scène en tant que directrice du CDN, Célie Pauthe retrouve le comédien Claude Duparfait autour de leur auteur-fétiche à tous deux, Thomas Bernhard. Dans une intrigue quasi policière, le narrateur de Oui entreprend le récit de sa relation-éclair avec la Persane, femme dont la rencontre l’a bouleversé au point de le sauver du désespoir. Chronique torturée du heurt entre deux solitudes, le bref roman plonge dans les tréfonds d’une misanthropie devenue anxiogène, que seule l’écriture - peut-être - conjurera. Sur scène, le comédien fait sien le souffle de la phrase bernhardienne et livre une pensée vertigineuse en cours d’élucidation. « Il est possible que l’on soit sauvé par le simple fait de comprendre clairement un moment décisif », dit le narrateur : pour se comprendre lui-même, il convoque chaque soir l’assemblée présente pour briser par la parole sa propre solitude. De la Persane demeurent, obsédants, les souvenirs de leurs promenades en forêt, leur refuge à tous deux, où ils nouèrent, par tous les temps, une relation affective et intellectuelle d’une intensité inégalée.